Mon déplacement à Ouagadougou

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Il était temps de retrouver le Burkina Faso et plus particulièrement Ouagadougou, magnifique capitale à laquelle je suis particulièrement attachée, creusot de la culture et de l’artisanat de toute la région.

Malheureusement, le pays se trouve aujourd’hui dans une situation sécuritaire particulière, marquée par une expansion progressive des zones d’actions des groupes armés depuis ma dernière visite en 2017. Un coup d’État le 24 janvier dernier a écarté du pouvoir le président Kaboré. Environ 1,2 million de personnes ont été contraintes de quitter leur domicile pour se réfugier dans des communes voisines. Mais il faut faire confiance au « pays des hommes intègres » et la Charte de la transition, rendue publique à la fin de longues négociations, est un bel exemple de la prise de conscience par tous de l’urgence de reprendre le contrôle du pays afin de protéger au mieux sa population. Notre ambassadeur Luc Hallade et son équipe sont particulièrement attentifs à l’évolution de la situation politique de ce pays charnière pour la région.

Les questions de sécurité et de défense ont donc été au cœur de mes discussions avec nos experts. J’ai observé que la population fait preuve d’une grande résilience dans ces temps troublés. En effet, la situation géopolitique du pays en fait un verrou pour ses voisins du Sud. J’ai rencontré les agents du service intérieur de sécurité qui m’ont présenté l’évolution de la situation sécuritaire depuis 2010 et les enjeux de la coopération en matière de sécurité et de défense avec la France. Ce fut également l’occasion de m’entretenir avec des politiques et représentants du monde des affaires burkinabés qui travaillent à une transition politique.

Le dynamisme de la communauté française et de la vie culturelle et artistique reste intact. Au cours de ma visite du Forum des associations, j’ai notamment rencontré les représentants de l’association « Samenti » qui œuvre dans des domaines variés tels que l’éducation spécialisée, l’inclusion scolaire, le soutien à la parentalité ou la promotion de la lecture ; l’Association des familles franco-burkinabè (AFFB) qui a mis en place un véritable réseau de solidarité pour favoriser l’intégration des familles au sein des communautés française et burkinabè ; ou encore « L’école à l’hôpital » qui accompagne les enfants scolarisés dans la poursuite du programme, offre des activités éducatives aux enfants qui n’ont pas la chance d’être scolarisés et aux enfants hospitalisés. J’ai ensuite assisté à un spectacle de danse contemporaine d’une troupe de Bobo Dioulasso à l’Institut français.

Après une déambulation au marché bio de l’Étrier et des échanges avec de nombreux Français dont M. Beaumond, chef d’équipe « paix, justice, cohésion sociale » au sein de la délégation de l’Union européenne au Burkina Faso, j’ai eu le plaisir de retrouver les membres du bureau de l’association Français du monde autour de son président Éric Bernard.

 

J’ai également fait le point sur la situation sanitaire, lors d’un entretien avec le conseiller régional de santé Pierre-Alain Rubbo puis lors de la visite du Centre médical international (le CMI) aux côtés du président de l’association internationale de santé François Zougmoré et les médecins du centre. Le CMI représente une structure médicale de référence pour la communauté française et a joué un rôle central lors de la pandémie de Covid-19 en élargissant son offre de soin, notamment avec la mise en place d’une salle de réanimation et d’un laboratoire d’analyses.

 

 

Concernant les aspects éducatifs, j’ai échangé lors d’une réunion au lycée français Saint Exupéry avec la conseillère de coopération et d’action culturelle Laurence Arnoux, la proviseure Dalila Messeghem, le directeur de l’école primaire Jean-Luc Broudoux, les représentants des personnels enseignants et des personnels, les représentants de l’association des parents d’élèves et sa présidente Katiana Liliou. Les discussions ont porté sur les personnels résidents pour la rentrée 2022, sur les besoins de formation pédagogique des enseignants et plus particulièrement des surveillants remplaçant des professeurs.

 

J’ai ensuite visité « La Ruche », un dispositif pilote du ministère de l’Europe et des affaires étrangères ouvert en 2018 qui met à disposition des jeunes talents du Burkina Faso des espaces de travail propices aux échanges socio-professionnels afin de les accompagner et de les soutenir dans leurs projets. Une quinzaine de volontaires internationaux sont présents pour une vingtaine en France. Dans le même bâtiment se trouve Campus France et ses 1 500 demandes annuelles et ses 10 boursiers. Autre projet, celui de « Média Sahel » pour la mise en place de radios locales fondées sur la concertation grand public sur le Mali, Burkina et Niger. L’enveloppe budgétaire généreuse permet l’achat de matériel, la formation et le soutien à la diffusion sur la région.  

 

S’agissant de la situation économique, j’ai échangé avec les conseillers du commerce extérieur de la France réunis autour de leur président Patrice Chevalier et la cheffe du service économique de Ouagadougou Béatrice Alperte. Nos entreprises sont implantées depuis longtemps, recrutent essentiellement localement et travaillent pour l’essentiel sur des projets structurants. Les problèmes liés à l’agriculture vont s’aggraver dans les mois à venir. L’absence de gouvernement pénalise les entreprises qui dépendent de la commande publique et attendent sa nomination. Une approche plus participative reposant sur la formation de la jeunesse et des projets en phase avec les besoins d’une population qui ne comprend pas pourquoi, malgré des investissements colossaux, elle n’a toujours pas accès à l’eau et l’électricité, faciliterait les relations. L’incertitude est néfaste à l’investissement et tous espèrent sortir de cette période au plus vite. 

J’ai eu l’occasion de rencontrer le chef du « Bistrot lyonnais » Norbert Lamandin. Les chefs français sont les ambassadeurs de notre art culinaire partout dans le monde. 

 

Les trois Conseillers des Français de l’étranger, Françoise Le Losq Ouedraogo, Martine Voron et Ousmane Ouedraogo, qui représentent les 3 300 Français établis au Burkina Faso, ont complété par leurs analyses et répondu aux questions suscitées par mes nombreuses réunions et rencontres. Nous avons fait le point avec le Vice-Consul Alban Robert, ce qui m’a permis d’observer combien les élus et l’administration peuvent ensemble être utiles à nos compatriotes. 


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