Réponse à ma question écrite sur la fusion des missions de Consul général et de directeur d’Institut français à Fès, Tanger et Agadir

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Au mois de mars dernier, j’ai interrogé le ministre de l’Europe et des affaires étrangères sur le projet de suppression des postes de directeurs des Instituts français de Fès, Tanger et Agadir, qui devraient être assurés par les Consuls généraux. 

Retrouvez-ci dessous ma question et la réponse du ministre de l’Europe et des affaires étrangères :

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Mme Hélène Conway-Mouret interroge M. le ministre de l’Europe et des affaires étrangères à propos du projet de supprimer les postes des directeurs des Instituts français de Fès, Tanger et Agadir au Maroc.

Dans un tel cas de figure, les Instituts français concernés seraient alors dirigés par les consuls qui n’ont pas nécessairement une aussi bonne connaissance du domaine culturel. En outre, ils ont déjà de nombreuses autres attributions, de sorte qu’ils auraient peu de temps à consacrer à la direction effective des Instituts français.

De telles suppressions de postes font écho à la fermeture envisagée des Instituts français d’Oslo et de Valence, finalement abandonnée au profit d’une restructuration de ces établissements, qui se répercute néanmoins négativement sur l’action culturelle de la France à l’étranger puisque ces Instituts doivent désormais fonctionner avec des moyens humains et financiers drastiquement réduits. Les cours de langues ont été supprimés, un certain nombre de professeurs licenciés et les activités culturelles se limitent à des actions hors les murs. Tout ceci constitue une perte de revenus considérable pour ces Instituts. Ces deux exemples marquent le stade ultime de la dispersion de notre présence culturelle à l’étranger et il serait regrettable que cette évolution gagne d’autres pays, notamment le Maroc.

En effet, ce pays est l’un des plus francophiles et francophones au monde et il représente donc un terrain privilégié pour la coopération culturelle. La suppression envisagée de trois postes de directeurs d’Instituts français est par ailleurs incohérente avec les objectifs que s’est fixé le ministère : la feuille de route de l’influence, publiée à la fin de l’année 2021, place la diplomatie d’influence au cœur de l’action de la France, prenant acte de l’existence sur la scène internationale d’une « bataille des narratifs et des modèles », pour reprendre les termes du ministre lui-même. La course aux économies conduit ainsi à des mesures contraires aux buts de la politique étrangère française. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que durant la crise du coronavirus, les Instituts français ont accompli un travail exemplaire et qu’ils jouent aujourd’hui un rôle majeur dans la relance de la vie culturelle locale.

Dans ce contexte, elle lui demande s’il n’existe pas une mesure alternative à la suppression de ces trois postes, qui serait moins pénalisante pour la diplomatie d’influence française au Maroc. Au-delà de ce cas particulier, elle lui demande de clarifier la politique menée à l’égard des Instituts français qui lui semble contraire au renforcement annoncé du « soft power » de la France.

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Le ministère de l’Europe et des affaires étrangères (MEAE) rappelle l’importance, pour notre diplomatie d’influence et le développement de la Francophonie, de notre dispositif et de notre action de coopération partout dans le monde. C’est l’un des axes majeurs de la feuille de route de l’influence présentée par le ministre de l’Europe et des affaires étrangères en décembre 2021. De ce fait, le réseau culturel et de coopération au Maroc bénéficie, tant en termes d’effectifs que de crédits publics, d’un appui sans égal au sein du réseau mondial d’instituts français et d‘alliances françaises. Ce réseau n’est pas figé. C’est un instrument d’influence et de dialogue qui se réorganise en permanence pour s’adapter à l’évolution de nos priorités politiques et des enjeux internationaux, au renouvellement des publics étrangers et aussi à l’évolution de nos communautés françaises à l’étranger. Il s’agit de permettre à notre action, conformément à la feuille de route de l’influence, d’être constamment pertinente et efficace dans les pays où nous sommes implantés, tout en veillant à une utilisation optimale des crédits publics. Dans ce contexte, la mesure de fusion des missions de consul général et directeur d’institut français à Fès et à Agadir a été proposée par l’inspection générale des affaires étrangères, lors de sa mission au Maroc en juin 2018, et a fait l’objet d’analyse et d’arbitrages en programmation des effectifs. Cette fusion des missions a déjà démontré sa pertinence depuis plusieurs années, notamment à Naples, Alexandrie, Edimbourg ou Cracovie. Elle ne signifie pas du tout un engagement moindre du MEAE dans ces pays, mais permet, au contraire, un meilleur pilotage politique de nos dispositifs d’influence directement par les consuls généraux. L’entrée en vigueur de cette mesure au Maroc a été reportée de trois ans afin de tenir compte à la fois de la charge de travail des consulats concernés et des temps de séjour des consuls généraux et directeurs d’institut. En effet, dans le cadre de la réorganisation des services consulaires au Maroc, l’activité visas est désormais assurée par le consulat général à Rabat pour le Nord du Maroc et par celui de Casablanca pour le Sud. Les consulats généraux d’Agadir et Fès ont ainsi une activité moins élevée. Le prochain ou la prochaine chef de poste à Agadir, qui arrivera à l’été 2022, sera donc en mesure de cumuler ses fonctions avec celles de la direction de l’Institut français. Le candidat ou la candidate sera notamment retenu (e) en fonction des attentes que l’on peut avoir d’un responsable d’une antenne culturelle. S’agissant de l’Institut français de Fès, la directrice terminera sa mission à l’été 2022. L’actuelle consule générale, arrivée en 2020 et au fait des dossiers, reprendra ses attributions à compter du 1er septembre. Ainsi, notre réseau culturel au Maroc, fort de cette gouvernance locale qui favorisera les synergies entre l’action culturelle et les missions consulaires, continuera d’être réactif afin de continuer à promouvoir, auprès d’un public marocain de plus en plus jeune, des activités culturelles et créatives renouvelées, ainsi que des offres de cours de langue innovantes, au service de la Francophonie et de la promotion de nos valeurs et de notre modèle culturel.


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