Mon propos liminaire lors du conseil d’administration de l’AEFE du 29 juin 2023

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Monsieur le Président,
Monsieur le Directeur,
Mesdames et Messieurs,


Lors du dernier conseil d’administration, j’avais concentré mon propos liminaire sur l’importance de l’attractivité de notre réseau, en faveur de laquelle je me suis toujours engagée et qui repose sur un faisceau d’acteurs. 

À commencer par nos personnels. Car la renommée de nos établissements à l’étranger dépend non seulement des locaux qui doivent offrir à toutes et tous un environnement de travail agréable, notamment dans un contexte de forte concurrence internationale, mais aussi et surtout de la qualité des équipes administrative et pédagogique.

Cette dernière condition ne peut être remplie qu’en assurant le bien-être au travail. Or, j’ai récemment été alertée soit directement par des personnels exerçant au sein du réseau, soit par le biais de Conseillers des Français de l’étranger, sur des cas de harcèlement, de discrimination ou de violences sexistes et sexuelles au travail (VSST) dont l’examen est toujours en instance ou ne trouve pas d’issue. Il semblerait que le « plan d’action relatif à l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes à l’AEFE » pour les années 2021-2023, qui prévoit la création d’une cellule d’écoute pour ces signalements à destination des personnels du siège mais aussi des personnels détachés et de droit local, n’ait pas encore été mis en œuvre ou n’ait pas encore eu les effets escomptés. Dans l’attente de la mise en place de cette cellule sur le modèle de la cellule « Tolérance Zéro » du ministère de l’Europe et des affaires étrangères, uniquement compétente pour l’administration centrale de l’Agence, une adresse email dédiée a été créée de manière transitoire pour recueillir les signalements. Toutefois, le flou qui entoure ce dispositif laisse des femmes et des hommes isolés dans des situations parfois très complexes. Il devient donc urgent que ces personnes puissent trouver dans un premier temps l’écoute dont ils ont besoin et dans un second temps un véritable accompagnement.

Le bien-être au travail de nos personnels passe aussi par les perspectives qui leurs sont offertes en matière de déroulement de leur carrière. En Espagne, les enseignants des lycées d’Alicante et de Villanueva de la Canada ont récemment pris connaissance du projet de la Mission laïque française de déconventionner de ces deux établissements. Cette nouvelle, qu’ils ont apprise par le biais d’un rapport mis en ligne sur Internet, a suscité l’incompréhension et l’inquiétude des personnels et de leurs représentants. Certains d’entre eux, qui vivent en Espagne depuis des décennies, vont voir leurs conditions de travail mais surtout leur statut changer de façon drastique. Ils attendent de l’Agence des informations sur les conséquences de cette décision pour leur carrière. Sur le fond comme sur la forme, cette affaire est une très mauvaise nouvelle, sur laquelle il est important d’entendre la position de l’Agence.

Dernier point, la formation est un élément essentiel tant de l’épanouissement de nos personnels que de la croissance de notre réseau. Les Instituts régionaux de formation suscitent de fortes attentes et suscitent de nombreuses questions. En effet, la part des personnels de droit local dans les effectifs du réseau est croissante : elle a cru de 9% entre 2016 et 2021 pour combler la diminution de 21% des postes d’expatriés et de 7% des postes de résidents. Cette augmentation implique un effort de formation accru, afin que la croissance du réseau ne se fasse pas au détriment de sa qualité, qui fait sa réputation. Or, depuis leur création l’année dernière, de nombreuses interrogations subsistent quant à la fonction et au fonctionnement des IRF. La première question est financière : sont-ils dotés de moyens à la hauteur des ambitions et  l’AEFE disposera-t-elle d’un budget suffisant pour assurer leur bon fonctionnement ? Concernant la gouvernance, la demande est forte de la part des conseillères et des conseillers des Français de l’étranger qui souhaitent être représentés au conseil d’établissement de ces établissements en gestion directe. Enfin, je saisis cette occasion pour poser à nouveau la question que je vous avais adressée en février dernier, sur l’implantation de ces IRF. Je citais en exemple l’IRF de Johannesburg, compétent pour la zone couvrant l’Afrique australe et orientale, que les personnels exerçant à Djibouti ne peuvent rejoindre qu’après avoir fait escale à Addis Abeba et obtenu un visa. Cela engendre des frais et des complications non négligeables pour toutes les personnes qui souhaitent aller se former. La mise en place d’un groupe de travail permettrait sans doute d’apporter des réponses à tous ces questionnements.

Enfin, la scolarisation de leurs propres enfants au sein du réseau d’enseignement français – auquel ils consacrent une partie de leur vie – est un enjeu majeur. Au lycée français de Moscou, je voudrais pointer la demande de prise en charge intégrale des frais d’écolage pour les personnels de droit local qui a été refusée. Si ces derniers bénéficient d’une réduction de 80% des droits de scolarité, il apparaît que leur faible salaire ne suffit pas pour supporter le reste à charge cumulé aux autres frais (comme le transport ou la restauration). Il serait pourtant naturel que les enfants de nos personnels exerçant dans des établissements en gestion directe soient en majorité scolarisés dans nos lycées. Je tiens par ailleurs à rendre hommage à l’ensemble de l’équipe du lycée Alexandre Dumas pour son extraordinaire résilience dans ce contexte extrêmement tendu.

Je pense aussi aux familles.

En effet, la promotion de notre réseau d’enseignement est également liée à notre politique d’aide à la scolarité. L’objectif présidentiel de doubler les effectifs devrait nécessairement se traduire par une augmentation de l’enveloppe des bourses. Or, le budget pour 2023 à hauteur de 104,4 million d’euros – présenté comme substantiel – ne correspond en réalité qu’au rétablissement du budget de 2021 sans que ne soient pris en compte l’inflation mondiale, l’augmentation des frais de scolarité qui en découle, la dépréciation de l’euro ni les conséquences de la pandémie qui a précarisé de nombreuses familles. La réalité est que, dans la plupart des postes, cette enveloppe s’est révélée insuffisante pour répondre à l’ensemble des besoins exprimés et le nombre d’ajournements de dossiers a considérablement augmenté. Pour rappel, je propose chaque année une rallonge de 10 millions d’euros qui est systématiquement rejetée et qui éviterait de ne pas mettre en difficulté les familles.

Vous avez annoncé l’utilisation totale de la soulte et le dégel de la réserve budgétaire, faisant passer ces crédits 114,8 millions d’euros. Cette nouvelle est bienvenue, car les familles les plus précaires pourraient être contraintes de retirer leurs enfants de notre réseau, et par voie de conséquence ce seraient nos établissements scolaires qui perdraient des élèves. Toutes n’ont pas été satisfaites alors.

En conclusion, puisque j’ai évoqué le doublement des élèves, j’en profite pour réitérer ma demande de point d’étape sur l’augmentation de nombre d’établissements partenaires, dont l’intégration est favorisée pour atteindre la cible fixée par le Président de la République.

Je vous remercie.


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